Plan Blanc

 

Plan Blanc Millau Sabotage

Plan blanc : plusieurs pannes électriques à l’origine de situations à haut risque dans des hôpitaux

Les établissements de santé doivent disposer d’un Plan Blanc permettant de répondre à différents scénarios de risques majeurs pouvant se traduire par un afflux massif de victimes à l’hôpital (épidémie, attentat, accident grave, …) ou par un arrêt total ou partiel d’activités critiques de l’hôpital (panne d’équipements critiques, incendie, explosion, fuite, contamination, conflit social, …).

Qu’est-ce-que le Plan Blanc ?

Le Plan Blanc définit les schémas d’alerte ainsi que les modalités d’activation, l’organisation et le fonctionnement de la cellule de crise de chaque établissement de santé. Cette cellule de crise a pour mission de définir et de mettre en oeuvre un plan de gestion de crise en vue de coordonner l’intervention des professionnels d’un établissement (personnels médicaux, paramédicaux, administratifs et techniques) pour réagir efficacement à toute situation d’urgence ou de crise rencontrée :

  • mobilisation des services de secours (SAMU et services d’urgences) pour le tri, la prise en charge et l’orientation des patients (flux secondaire régulé)
  • rappel des personnels médicaux, paramédicaux et autres hospitaliers,
  • report des activités chirurgicales non indispensables programmées et mobilisation de locaux,
  • utilisation des moyens télécoms et informatiques,
  • modalités de communication interne et externe,
  • gestion des capacités d’accueil en organisant la mise à disposition de lits supplémentaires ou la réouverture de lits pour absorber le flux ambulatoire immédiat,
  • coordination des transports et des transferts en lien avec d’autres structures de soins,
  • intervention de la cellule d’urgence médico-psychologique pour soutenir patients et familles.,
  • Etc.
Le Plan Blanc identifie également l’organisation, les procédures et les réflexes à mettre en place pour répondre aux diverses situations d’urgence :
  • adaptation des moyens de l’établissement : stocks de produits pharmaceutiques et autres consommables, …
  • logistique (blanchisserie, cuisine, etc.),
  • équipement des locaux,
  • chambres mortuaires,
  • dispositifs de surveillance et de gardiennage du site hospitalier et des locaux,
  • plan de circulation et de stationnement sur le site,
  • plan d’évacuation et plan de confinement

Le Plan Orsan : consolidation de Plans Blancs

Le plan Orsan (Organisation de la Réponse du Système de Santé en Situations Sanitaires Exceptionnelles) fédère au niveau national les plans blancs définis pour chaque établissement hospitalier. Il est composé de cinq volets :

  • ORSAN AMAVI : accueil massif de victimes non contaminées ;
  • ORSAN CLIM : prise en charge de nombreux patients à la suite d’un phénomène climatique ;
  • ORSAN EPI-VAC : gestion d’une épidémie ou d’une pandémie sur le territoire national, pouvant comprendre l’organisation d’une campagne de vaccination exceptionnelle par le système de santé ;
  • ORSAN BIO : prise en charge d’un risque biologique connu ou émergent ;
  • ORSAN NRC : prise en charge d’un risque nucléaire, radiologique ou chimique.

La plan Orsan a été activé pour l’épidémie de grippe de l’hiver 2014-2015 ainsi que pour les attaques terroristes survenues à Paris le 13 novembre 2015.

Le risque électrique : partie intégrante du Plan Blanc

Le Plan Blanc est centré sur les phases de gestion de l’urgence et de la crise au cours desquelles sont identifiées les mesures nécessaires pour gérer les conséquences d’un sinistre et préparer la continuité ou la reprise des activités de l’hôpital dans un contexte dégradé (PCA hôpital).

La coupure de courant figure en bonne place parmi les scénarios de disruption pouvant emporter des conséquences majeures pour un établissement de santé. Aussi, ce scénario doit-il impérativement être intégré dans le Plan Blanc ainsi que dans le Plan de Continuité d’Activité comme l’illustrent les nombreux exemples d’incidents ou de pannes électriques rencontrés par des hôpitaux en France et à l’étranger, sans même parler de continents où les coupures électriques sont malheureusement trop souvent monnaie courante.


Exemples de plans blancs déclenchés suite à une panne électrique


L’hôpital de Millau évacué à la suite d’un acte de sabotage

Plan Blanc Hôpital MillauA la suite d’actes de dégradation volontaire dans plusieurs locaux techniques entrainant un dysfonctionnement des systèmes électriques, la direction de l’hôpital de Millau a décidé jeudi 31 décembre de déclencher son plan blanc. Rappelons que le plan blanc est un dispositif permettant aux hôpitaux d’activer une cellule de crise  et d’adopter en urgence des mesures organisationnelles et techniques en vue de faire face à différentes situations de crise, notamment en cas d’afflux massif de patients à l’hôpital suite à une épidémie, une catastrophe naturelle, un grave accident ou un attentat comme à Paris le 13 novembre dernier. Le plan blanc est aussi activé pour répondre à des pannes d’équipements critiques (électricité, eau, oxygène, etc.) comme c’est le cas à Millau. Les autorités préfectorales, en accord avec l’ARS, ont approuvé la décision de faire évacuer les 43 patients.

Depuis le 15 octobre dernier, l’hôpital de Millau dans l’Aveyron est placé sous l’autorité financière de l’ARS (l’Agence Régionale de Santé). En cause, un déficit budgétaire de 21 millions d’euros. Le personnel est inquiet quant à l’avenir de l’hôpital. L’acte de sabotage a-t-il un lien avec le contexte social tendu au sein de l’hôpital ? L’enquête judiciaire en cours devrait apporter la réponse à cette question.

Panne de courant au Centre Hospitalier Émile-Roux au Puy-en-Velay

Le 10 décembre 2015, suite à un une panne électrique, les générateurs électriques de secours ne se seraient d’après le Progrès pas mis en marche immédiatement, plongeant le premier hôpital du département (500 lits) dans une situation périlleuse.

PCA HôpitalL’hôpital a été contraint de déclencher « le protocole de prise en charge exceptionnelle des patients » prévu dans le Plan Blanc avec activation de la cellule de crise hospitalière. La direction de l’hôpital a affirmé que « tous les patients ont été sécurisés dans un délai inférieur à trente minutes ». Tous les appareils vitaux pour les patients sont en effet branchés sur des prises spéciales qui ont une autonomie d’une demie heure et une batterie propre. Une demie heure permettant au personnel de mettre en sécurité les patients : les médecins referment leurs patients opérés et des transferts s’organisent pour les cas les plus graves, en réanimation notamment. Quatre patients ont du être transférés en urgence, « par voie terrestre et hélicoptère, vers les CHU référents », en raison de leurs pathologies. Les hôpitaux de Firminy, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand avaient été placés en pré-alerte, tout comme le service interministériel de la protection civile en préfecture. Des personnels de repos ont été rappelés en urgence et les efforts se sont concentrés sur « les services à haut risque » : réanimation, soins intensifs de cardiologie, dialyse, SAMU dont le centre d’appels a été déménagé chez les pompiers et urgences.

La coupure d’électricité aurait, selon les différentes sources citées, duré d’une à trois heure. Des équipes d’ErDF ont été associées à la recherche de solution, le directeur territorial d’ErDF précisant toutefois qu’à aucun moment le réseau ErDF n’est mis en cause et qu’il s’agit d’un problème interne à l’hôpital. Une mise en défaut de l’installation électrique au sein du bâtiment de chirurgie (hébergeant les services Chirurgie, mère-enfant, département d’anesthésie, réanimation, urgences, Samu-Smur) a en effet été diagnostiquée par les experts. Celui-ci était alimenté par un groupe électrogène de secours loué quinze jours plus tôt, suite à une nouvelle coupure électrique (une première défaillance avait été observée le 8 septembre, puis le 30 novembre).

Nouvelle panne de courant à l’hôpital Pasteur 2

Plan Blanc Hôpital Pasteur 2Dimanche 2 novembre 2015, l’hôpital a subi une coupure électrique de deux heures sans impact sur le fonctionnement du CHU, selon la direction qui a déclenché le Plan Blanc. Le courant a été rétabli à 9 heures. Les soignants ont du prodiguer des soins dans la pénombre et s’éclairer au portable. La panne a entrainé des retards dans les petits-déjeuners, les IRM et scanners. Les prises de secours ont bien fonctionné et permis de maintenir les respirateurs et autres appareils vitaux en marche.

Les groupes électrogènes de Pasteur 2 programmés pour se déclencher automatiquement en cas de coupure ErDF n’ont pas pris le relais. Seuls les groupes basse tension, autonomes et indépendants, qui couvrent les zones à risques (les blocs opératoires, la réa, la détection incendie, prises de secours etc.) ont fonctionné.

Contrairement à la précédent panne d’électricité survenue le 5 août dernier, où des riverains avaient aussi signalé des dysfonctionnements du réseau électrique, ErDF ne semble pas mis en cause pour cette deuxième panne. L’hôpital dispose de deux lignes haute tension alimentées par ErDF, la deuxième servant à assurer un premier niveau de secours en cas de dysfonctionnement des installations.En complément, le site est secouru via trois groupes électrogènes situés sur Pasteur 2 qui prennent automatiquement le relais en cas de rupture d’alimentation ERDF. Enfin, l’hôpital dispose de groupes basse tension, autonomes et indépendants, qui couvrent les zones à risques : la réanimation, le bloc opératoire, la détection incendie, le désenfumage, notamment. Le 5 août, les deux lignes ERDF sont tombées en panne et les groupes électrogènes – programmés pour se déclencher automatiquement – n’ont pas fonctionné. La mise en marche de ces groupes a du être réalisée manuellement par l’électricien d’astreinte.

Panne de courant au CHU d’Amiens

Plan Blanc CHU AmiensDans la nuit du 8 au 9 octobre 2015, une panne d’électricité est survenue de 23 h 30 à 0 h 30 dans ce centre hospitalier de 1739 lits, doté de 6000 agents, qui a activé son Plan Blanc.

Alors qu’une coupure de courant a été réalisée sur l’un des bâtiments encore en chantier, une coupure a été involontairement provoquée sur d’autres bâtiments. Les installations de secours ont fonctionné correctement dans les secteurs les plus sensibles : réanimation, soins intensifs, blocs opératoires et sécurité incendie tandis que d’autres services ont connu des coupures électriques. Le laboratoire  a vu sa chaîne interrompue et la pharmacie a été plongée dans le noir comme les urgences et les chambres des patients.

Panne de courant à l’hôpital Emile-Muller, à Mulhouse

Plan de continuité d'activité hôpitalL’incendie de batteries de condensation, dans un bloc transformateur au sous-sol de l’hôpital Émile-Muller à Mulhouse, a entraîné le 4 juillet 2015 une coupure de courant généralisée dans la moitié de l’établissement hospitalier.

Un incendie très vite maîtrisé, mais des conséquences importantes en matière de fonctionnement d’un des établissements du Groupement hospitalier de la région Mulhouse/Sud-Alsace (GHR) qui a activé son Plan Blanc. La coupure de courant a entraîné l’évacuation des urgences et le transfert de patients vers une autre partie de l’hôpital.

Les électriciens du Groupement hospitalier ont réussi à rétablir en partie le courant au bout de trois heures, les urgences et le Samu recommençant de fonctionner normalement à partir de 20 h. L’électricité est revenue progressivement dans les autres services.

Panne de courant au Mercy Hospital de Pittsburgh

Plan Blanc Hôpital de PittsburghSuite à une panne de courant, l’hôpital a fonctionné plusieurs heures sur groupe électrogène. L’hôpital qui a mis en oeuvre son plan de contingence est resté ouvert pendant la panne et les activités de soins « vitales » ont continué d’être assurées. Aucun patient n’a été évacué. Les services de radiologie ont toutefois été temporairement interrompus, de même que les urgences reroutées vers d’autres hôpitaux. Il n’y a eu aucune annulation pour les interventions, opérations chirurgicales ou analyses programmées.

Une surcharge du transformateur serait à l’origine de la panne.

 

Interruption d’activités au Prince Albert Hospital à Victoria (Canada)

Victoria Hospital Contingency Plan Power OutageUne panne d’électricité a provoqué une interruption d’activité dans cet hôpital du Sakatchewan qui a activé son plan de contingence. Les interventions chirurgicales y ont été annulées après la défaillance d’un transformateur qui alimente l’unité de soins intensifs, le bloc chirurgical et une partie des urgences. Le courant électrique n’a pu être repris pour ces activités, le générateur de secours alimentant le transformateur défaillant. La panne a aussi touché les réseaux télécoms et informatiques.

 
 

Fermeture des urgences du Royal Berkshire Hospital après une coupure d’électricité

Plan de secours Royal Berkshire HospitalUne inondation dans les sous-sols du Royal Berkshire Hospital  est à l’origine d’une coupure d’électricité. L’inondation fait suite à l’explosion d’une conduite d’eau souterraine. Les pompiers ont du pomper l’eau pendant 4 heures pour parvenir à l’évacuer des sous-sols de l’hôpital. Le même jour, un incendie s’est déclaré dans un tableau électrique de l’unité de cardiologie, nécessitant sur ordre de la cellule de crise d’évacuer les patients et de les dispatcher dans différentes salles. Les urgences de l’hôpital ont été limitées aux cas vitaux et des patients redirigés vers d’autres hôpitaux. Les personnels médicaux ont travaillé durant la nuit avec des lampes de mineurs pour continuer d’assurer les soins aux patients, utilisant des groupes électrogène de secours.

Coupure électrique, une inondation à l’origine de 14 décès à l’hôpital de Chennai

Plan d'urgence suite à Iinondation et panne de courant hôpital de Chennai14 patients sont morts à l’hôpital MIOT après qu’une inondation consécutive à la crue du fleuve Adyar ait provoqué une défaillance des systèmes électriques et l’arrêt d’équipements critiques de soins, dont des ventilateurs de réanimation. Des centaines de patients ont été évacués vers d’autres hôpitaux à la suite de cette tragédie. L’eau est montée à 2,40m.

 
 
 

2014 – Simulation de black-out à l’hôpital de la Citadelle, à Liège

Simulation Plan BlancLe centre hospitalier régional de la Citadelle a procédé le 22 novembre 2014 à une simulation de black-out. Pendant une heure, de 10 à 11 h, le réseau électrique normal a été coupé intentionnellement pour simuler un black-out et ainsi vérifier le bon fonctionnement des réseaux de secours. Le réseau no-break qui alimente tous les équipements vitaux a parfaitement réagi et n’a subi aucune coupure. Le réseau de secours qui prend le relais du réseau normal pour alimenter les circuits électriques non vitaux a été réenclenché après 15 secondes. Pendant toute la durée de la coupure de courant, la cellule black-Out, mise en place au CHR de la Citadelle, a vérifié la continuité de l’activité de l’hôpital, surtout pour les services sensibles au chevet du patient tels le bloc opératoire, le quartier d’accouchement, les soins intensifs, les urgences, la néonatologie ainsi que tous les appareillages de pointe tels les IRM, le matériel d’imagerie, de radiothérapie, de laboratoire.

2013 – Panne de courant à l’hôpital privé d’Antony

Plan Blanc Hopital AntonyL’incendie d’un transformateur le 18 septembre 2013 vers 11 h 50 dans les sous-sol de l’hôpital privé d’Antony (Hauts-de-Seine) a provoqué une panne d’électricité générale nécessitant le déclenchement du Plan Rouge.

Les pompiers ont rapidemment éteint le feu et les groupes électrogènes ont pris le relais avant qu’ErdF ne rétablisse le courant vers 16 h 15. Il n’a finalement pas été utile d’évacuer les 300 patients.

Les nouveaux arrivants, notamment aux urgences, ont été redirigés vers d’autres établissements du département et le service des urgences fermé jusqu’au lendemain.

2013 – Coupure d’électricité au Centre Hospitalier de Créteil

Panne électricité Hôpital CréteilTrente-quatre patients, dont quinze enfants, du centre hospitalier intercommunal de Créteil ont dû être transférés vers d’autres établissements après qu’une importante panne d’électricité eut touché l’hôpital en fin de journée, le 5 mars 2013, de 16 h 45 à 1 h 30 du matin.

Un incident sur un poste source de Réseau de transport d’électricité (RTE) a provoqué une perte d’alimentation pour 58.000 abonnés de Maisons-Alfort, Saint-Maur-des-Fossés, Alfortville, Charenton-le-Pont, Bonneuil-sur-Marne et Créteil. Le courant a pu être rétabli une petite heure après la coupure pratiquement partout sauf au centre hospitalier intercommunal de Créteil (CHIC). Le diagnostic de cette panne a établi que c’est « l’interconnexion entre la ligne normale et celle reliée au groupe électrogène qui a failli. Après la coupure de courant, l’alimentation s’est comme il se doit faite par les groupes électrogènes de l’hôpital. Lorsque l’électricité a été rétablie par les agents d’ERDF, l’automate (une pièce de la taille d’une phalange)  n’a pas voulu rebasculer le courant ni sur la ligne normale ni sur les groupes électrogènes.

Une modification des installations électriques est intervenue depuis lors avec le renforcement de la puissance du groupe électrogène et raccordement de la ligne électrique de secours à un autre poste d’alimentation constituant une troisième source d’électricité en cas de défaillance. Le plan blanc a également été revu : des annuaires papier sont disposés à des endroits stratégiques, la signalétique a été refaite, des lampes et talkies-walkies supplémentaires ont été achetés.

2009 – Panne de courant à l’hôpital de Douai

 

2008 – Double défaillance électrique à l’hôpital Saint-Antoine à Paris

«Le point stratégique pour un hôpital est l’électricité, qui a déjà posé des problèmes à Bichat et Georges-Pompidou, indique Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France. Les procédures mensuelles de test des générateurs sont peut-être insuffisantes, a-t-il ajouté. Mais dans tous les cas, il faut donc se préparer au pire, c’est-à-dire le black-out qu’on a connu cette nuit et il faut reconnaître qu’on a bien fonctionné.»