explosion de l'usine saipol

Explosion de l’usine Saipol à Dieppe : mise en examen de l’entreprise

 

Source: france3-regions.francetvinfo.fr

Gestion des Risques. Le parquet met en examen la direction de l’usine SAIPOL et  son sous-traitant, la SNAD, pour « homicide involontaire par violation délibérément manifeste d’une obligation de sécurité ou de prudence », suite à l’explosion de l’usine SAIPOL qui avait coûté la vie à deux salariés de la SNAD, sur le site de Dieppe, non classé Seveso.

Le choix d’un mode d’intervention à risque

Les salariés de la SNAD étaient intervenus pour purger un extracteur d’huile bloqué depuis plus vingt-quatre heures. Plutôt que de noyer l’extracteur, opération plus sécurisée mais aussi plus longue qui entraine une charge supplémentaire de déchets à évacuer, la direction de SAIPOL et la SNAD avaient privilégié un autre mode opératoire exposant les deux salariés à de l’hexane, un solvant contenu dans l’extracteur, hautement inflammable en présence d’oxygène, qui est à l’origine de l’explosion de l’usine SAIPOL.

Il est également relevé que les deux intervenants n’étaient pas dotés d’un explosimètre, équipement obligatoire pour intervenir en milieu explosif. De plus, l’un d’entre eux n’avait pas été formé pour intervenir en milieu explosif (Atex).

L’exposition à des sanctions civiles mais aussi pénales

Outre la direction du site de Dieppe, les partenaires sociaux entendent aussi mettre en cause la responsabilité du groupe AVRIL dans l’explosion de l’usine SAIPOL.

Au-delà d’une amende de 175.000 € pesant sur l’entreprise, si on se réfère à des jugements récents, les dirigeants dont la responsabilité pénale pourrait être engagée,  sont susceptibles d’encourir une peine de 6 mois de prison avec sursis.

L’existence d’une polémique autour des conséquences sanitaires et environnementales du sinistre

Une polémique avait  été lancée par le syndicat CGT des pompiers de Seine-Maritime au sujet de poussières cancérigènes qui auraient pu être dispersées sur la zone de l’entreprise, malgré les résultats d’analyse rassurants présentés par SAIPOL.

Appuyant le sous-préfet qui avait affirmé qu’ « après passage d’une société d’exploitation des réseaux », l’accident n’avait causé aucune pollution de l’eau, Stéphane Travert, Ministre de l’Agriculture, avait tenté de mettre un terme à la polémique lors d’une visite sur site en assurant qu’ « aucune pollution atmosphérique ou des eaux n’était intervenue. » 

Des élus locaux réclament toutefois que l’enquête qui sera diligentée pour connaître les circonstances exactes de l’explosion de l’usine SAIPOL établisse si les rejets de solvant et de sulfure d’hydrogène, largement répandus au cours de l’incendie, n’ont eu et n’auront aucune incidence sur la santé des riverains. Mais aussi qu’elle indique si le maintien du site à proximité de zones d’habitations est encore possible. 

Une problématique de continuité opérationnelle

SAIPOL doit enfin s’attacher à la sécurisation du site et à la continuité d’activité.

L’exploitant s’est vu notifié par la préfecture un arrêté lui notifiant des mesures d’urgence : gardiennage, surveillance, purge des circuits, etc.

Suite à la destruction de ses capacités de production à Dieppe, il lui faut aussi rechercher comment assurer la reprise sur d’autres sites industriels du groupe ou chez des partenaires, des activités  interrompues et s’interroger sur le devenir du site de Dieppe.

Les autorités administratives, ministère de l’agriculture, préfecture et région, se sont déclarées à disposition de Saipol « pour réunir les acteurs économiques locaux afin d’étudier toutes les solutions pour poursuivre son activité économique » et obtenir  « le soutien de l’ensemble du gouvernement et de l’attention portée aux conséquences de ce drame pour les familles, l’entreprise et la filière française de biocarburant ».

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